ORFEO à ROME
“ORFEO À ROME”
par
Marcos GARCÍA GUTIÉRREZ, Baryton
Daniel DE MORAIS, Théorbe
Rome, mai 1621
Dans l’un des salons de la Villa Borghese Pinciana, entourés dE l’impressionante collection d’oeuvres d’art rassemblées par le cardinal Scipione Borghese, les invités de Son Éminence écoutent émerveillés la voix de celui qui est considéré comme le meilleur chanteur de son temps: Francesco Rasi.
Chanteur, instrumentiste, compositeur, poète… Francesco Rasi (Arezzo, 1574 –Mantoue, 1621) est à ce moment-là au sommet de son art. Il a contribué au succès fulgurant d’un nouveau genre mêlant théâtre et musique: l’Opéra, en incarnant les rôles principaux des oeuvres les plus importantes de l’époque (il restera dans l’Histoire en tant que créateur en 1607 du rôle d’Orfeo dans l’opéra éponyme de Claudio Monteverdi). Nobles et ecclésiastiques se le disputent constamment pour l’avoir à leur service.
L’objectif de son voyage à Rome n’est autre que d’utiliser ses contacts avec le haut-clergé pour soutenir les prétentions de son demi-frère Gregorio à devenir abbé. À cette fin, il fréquente les soirées des cardinaux Borghese et Montalto, où, à la manière d’un Orfeo moderne, il cherche à émouvoir le public par son art accompli. Elles sont déjà loin derrière lui, les difficultés économiques, les maladies et surtout le scandale et la peine de mort qu’il encourt à cause de l’assassinat du mari de sa maîtresse, ainsi que de l’attentat à la vie de sa belle-mère! Bientôt, en septembre, il épousera une jeune veuve et en octobre, grâce à l’intercession du duc Ferdinando Gonzaga, sa peine annulée, il pourra retourner à Mantoue. Tout semble indiquer que cette fois-ci, Orfeo reviendra triomphant de son enfer personnel, tenant son Euridice par la main… cependant, comme les Bacchantes du mythe, les fièvres mettront fin à sa vie le 30 novembre 1621.
L’on sait que pour soutenir les aspirations de son demi-frère à devenir abbé, Francesco Rasi fréquentait les cardinaux Borghese et Montalto et que ces derniers ne manquaient pas l’occasion de faire appel à sa voix lors des soirées raffinées qu’ils célébraient dans leurs villae.
Le proposde ce récital est d’ouvrir une fenêtre sur le milieu musical exclusif des cardinali nipoti de la Rome au début du XVIIème siècle, et de rendre hommage à la figure de celui qui fut l’un des protagonistes incontournables de la vie culturelle de son temps, au moment de son dernier voyage à la Ville Éternelle.
Le programme est composé d’un ensemble d’oeuvres de compositeurs originaires de Rome ou y ayant dévéloppé leur activité-nombre d’entre eux ayant été au service des différentes familles de cardinaux (tels Giulio Caccini, Girolamo Frescobaldi, Hieronymus Kapsberger et Sigismondo d’India) – ainsi que d’une série de compositions de Francesco Rasi lui-même. Une fresque, en quelquesorte, de la musique romaine d’alors, où se confondent le sacré et le profane, la spiritualité et la sensualité, un reflet qui se veut fidèle du contexte socio-culturel de la Cité des Papes dans les premières années du Seicento.
PROGRAMME
Giulio Caccini (1550-1618)
Dalla porta d’oriente
Vedrò il mio sol
Francesco Rasi (1574-1621)
O Filli mia che tanto amai
Hor che fuggit’è’l giorno
Indarno occhi girate
Che fai alma?
Filli mia
Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
Voi partite mio sole
Giovanni Girolamo Kapsberger (1580-1651)
Già risi del mio mal
G. Frescobaldi
Ti lascio, anima mia
F. Rasi
Rorate coeli
G. Frescobaldi
Dopo sì lungo error
F. Rasi
Madrigale spirituale
Sigismondo D’India (1582-1629)
Che vegg’io ohimè
Organisé Avec le soutien de la ville de Mulhouse et du Crédit Mutuel Mulhouse Europe
Entrée libre – plateau
Caisse du soir
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