Une brève histoire des orgues de Sainte-Marie

Avant Callinet

La présence d’un orgue de facteur inconnu est attestée en 1529 parmi les dégâts causés à l’église par les tenants de la Réforme.

La présence d’un orgue, attribué à Johann Jacob Brosi (Hans Jacob Brosius, Prosi), est attestée dans un sermon du pasteur Pierre Risler, prononcé à l’occasion de l’inauguration de l’instrument, le 28 septembre 1788. Il était probablement placé sur un jubé.

En 1812, les catholiques héritent de l’orgue Brosi. En 1834, ils vendent cet instrument à l’église Saint-Barthélémy, de Dornach.

L’orgue Callinet

En 1834, un orgue neuf est installé par Joseph Callinet, de Mulhouse. Aucun document (contrat, devis) n’a survécu. Le contrat date du 17 mars 1833 et la réception a eu lieu le 12 octobre 1834. Il s’agit d’un instrument à 3 claviers : un Grand-Orgue de 54 notes (14 jeux), un Positif de dos de 54 notes (10 jeux), un Récit de 42 notes (5 jeux) et une Pédale de 25 notes (7 jeux).

L’orgue est endommagé en 1860 par de fortes infiltrations d’eau. Louis-François Callinet effectue une réparation en 1879.

L’opus 126 de Rinckenbach

À l’aube du XXe siècle, l’orgue Callinet présente des signes de fatigue. On fait appel aux frères Martin et Joseph Rinckenbach. Ceux-ci soumettent, le 20 décembre 1908, un projet de réparations de l’orgue Callinet. Il est suivi de trois devis pour un orgue neuf le 10 février 1910. Le troisième devis est choisi et le contrat est signé le 1er mai 1911.

Avec ce contrat, l’église reçoit, en 1912, ce qui a probablement été l’un des chefs d’oeuvre les plus marquants de l’orgue alsacien, toutes périodes confondues : l’opus 126 de Martin et Joseph Rinckenbach. Avec 39 jeux sur trois claviers et pédalier, cet orgue symphonique était le digne héritier de la tradition romantique française. Pour preuve, sa magnifique console « en amphithéâtre », construite sur le modèle de Saint-Sulpice, à Paris. L’instrument est placé dans le buffet Callinet, mais celui-ci est trop pour accueillir tous ces jeux de 8 et 16 pieds, il sera élargi au moyen de deux plates-faces latérales. Le Positif de dos devient postiche.

Les tuyaux de façade sont réquisitionnés par les autorités allemandes en mars 1917. Ils seront remplacés, fort probablement par Joseph Rinckenbach, en 1921, par une tuyauterie en zinc.

En 1927, Georges Schwenkedel répare la traction. Il électrifie la soufflerie en 1931 et ajoute probablement, en 1936, une Voix humaine.

En 1953, Georges Schwenkedel installe une traction pneumatique et modifie la composition de l’instrument pour le mettre au goût « néo-classique ». Au Grand-Orgue, il remplace la Gambe par une Cymbale; au Positif, il remplace la Quintaton et l’Unda maris par une Sesquialtera et une Doublette alors que la Clarinette est transformée en Cromorne; et au Récit, le Plein-Jeu devient une Progression harmonique de II-V rangs; un Prestant est ajouté à la Pédale. Les travaux sont reçus en juillet 1953 par Maurice Duruflé.

Dégâts

En 1983, Christian Guerrier effectue un relevage de l’instrument, mais en 1986, lors de travaux à l’édifice, l’effondrement d’une poutre du plafond dépose des gravats dans l’orgue rendant les sommiers irrécupérables. L’instrument, qui compte 40 jeux dont 35 sont d’origine, est alors complètement démonté et entreposé. L’église fait alors appel à un orgue de choeur.

Au début des années 2000, des projets de reconstruction sont proposés, mais, au cours des années, certaines composantes sont égarées ce qui rend quasi impossible une reconstruction. 

Un nouvel orgue Callinet-Brayé

Après de nombreux débats, il est décidé, à partir des buffets intégralement conservés de Joseph Callinet (1834) de reconstruire un orgue fidèle à l’esthétique de ce facteur alsacien majeur du XIXe siècle. Ce projet est approuvé par le Conseil municipal le 31 mars 2008. Cette esthétique s’adapte parfaitement au style de l’église et à son volume. La musique française y sonne à merveille à nouveau ainsi que tout le large répertoire classique apportant à la ville de Mulhouse une offre supplémentaire dans la variété des concerts qui pourront y être proposés.

La vue d’un buffet classique appelle une sonorité classique. Il était devenu évident que l’orgue Rinckenbach de 1912, élargi de deux plates-faces sur les côtés, alourdissant l’ensemble, ne cadrait pas avec l’esthétique de l’église. Comme l’orgue avait hélas perdu une partie de ses constituants comme des sommiers et même des panneaux dans le soubassement du buffet, il n’était plus possible de le remonter tel quel. Ce n’était pas un pur Rinckenbach. Il avait utilisé beaucoup de matériel d’occasion et des tuyaux de facture parisienne de la seconde moitié du XIXe siècle. Rares étaient aussi les jeux Rinckenbach d’un seul tenant.

En novembre 2010, le facteur Hubert Brayé est sélectionné pour réaliser la rénovation de l’instrument et du buffet, pour la somme estimée à 375 000 euros. Les travaux se déroulent en deux étapes. La première consiste à remonter le buffet qui nécessite d’importants travaux de soutènement et de charpente. La deuxième consiste à reconstruire l’instrument tout en utilisant les pièces d’origine qui subsistaient

L’instrument a été béni lors de la célébration du 7 avril 2013 et a été inauguré, par Daniel ROTH, le 31 mai 2013

3 claviers manuels et pédalier – 30 jeux – 40 rangs – Traction mécanique des claviers et des jeux 

I. Positif de dos

Bourdon 8′
Flûte traversière 4-8′ 
Salicional 8′
Prestant 4′
Nazard 2 2/3′ Cromorne 8′ Chalumeau (B-D) 8′


II. Grand-Orgue

 Bourdon 16′
Montre 8′
Bourdon 8′
Gambe (B-D) 8′
Prestant 4′
Doublette 2′
Doublette 2′
Tierce 1 3/5′
Sifflet 1′
Cornet V
Fourniture V
Trompette (B-D) 8′
Clairon 4′


III. Récit

Flûte traversière 8′
Flûte octave 4′
Cornet III
Hautbois 8′

Pédale

Flûte 4′
Flûte 8′
Bourdon 16′

Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′


Caractéristiques instrumentales

Composition, 2010

Manuel, 51 n. (C-d »’)
Bourdon 8′
Flûte 4′
Doublette 2′
Fourniture 2 rgs

Diapason 415Hz – Tempérament Valotti

L’orgue de choeur

Historique

Construit en 1986 par la maison Daniel Kern, ce petit orgue-coffre, transportable, a été installé en 1990, suite aux dégradations qui avaient affecté le grand orgue dans les années 1980.

Le buffet

Le buffet présente trois plates-faces, avec des claires-voies en treillis. Des échancrures sur le côté permettent de passer des poignées pour transporter l’instrument. La façade peut être protégée par des portes transparentes. Côté clavier, il y a deux ouïes en S, façon lutherie.

Initialement destiné à accompagner la liturgie eucharistique, il lui a été donné un diapason 415 Hz et un tempérament Valotti, qui le rend idoine pour accompagner les concerts de musique baroque donnés dans le cadre de la Saiosn de musique ancienne