A l’aube du Classicisme : C.-Ph.-E. Bach, Abel, Kirnberger…

PRESENTATION

La fin de la période baroque en musique s’ouvre sur une recherche passionnée. Après 1750, les musiciens ont voulu dire en musique tous les sentiments que leurs prédécesseurs des cours royales avaient contenus dans des formes majestueuses, mais limitées dans leur expression. Il s’agit d’émouvoir un public nouveau, moins aristocratique et plus proche de notre sensibilité, et de le surprendre sans cesse par des tournures inattendues. C’est la fameuse période de l’empfindsamkeit, du « style sensible » : une nouvelle musique naît, pleine de contrastes et de surprises, jouant sur les effets de timbres, de nuances, de crescendos, d’attaques inattendues. Plus de fugues compliquées à comprendre, la ligne mélodique est au premier plan, souple, sensuelle et expressive. Ces recherches préparent la musique de la génération suivante, celle de Mozart et de Haydn.

Le programme de cette soirée cherche à recréer l’atmosphère enthousiaste de cette période. Carl Philip Emmanuel BACH en est un maître incontesté. Dès l’âge de 17 ans, il rompt avec la rigueur de son père et maître en écriture musicale, et cherche à renouveler complètement les parcours attendus que l’oreille du mélomane guette avec délices, ou avec un brin de lassitude. Une sonate de flûte d’une jeunesse aventureuse ouvrira le concert, sa dernière sonate au style très maîtrisé le clôturera. Ses pièces pour orgue sont moins connues, elles donnent à l’instrument des couleurs inattendues, en continuité avec les recherches orchestrales de l’école de Mannheim. Johann Philip KIRNBERGER était un élève de Bach le père, sa sonate de flûte oppose à une fugue plus habituelle des moments étonnamment mozartiens. Carl Friedrich Abel est le dernier compositeur à écrire pour la viole de gambe, dont il jouait lui-même. Son écriture fluide et mélodique laisse passer beaucoup d’émotion.

L’ensemble « La Messinoise » tire son nom d’une pièce de Jacques HOTTETERRE, musicien du roi Louis XIV. Il se situe dans le grand mouvement de redécouverte de la musique baroque qui irrigue la vie musicale depuis une trentaine d’année. Retrouver une musique délicate et raffinée, lui redonner les couleurs mouvantes et pleines de charme qu’elle avait à l’origine, avec sa force dansante, ses élans expressifs, a été le but que se sont donné ses fondateurs en 1994. La flûte traversière en bois, à une clé, aux sonorités chaleureuses de Jean-François ALIZON, la viole de gambe aux timbres argentés, capables d’exprimer tous les sentiments, de Chantal BAEUMLER et le clavecin solide et subtil de Bruno SOUCAILLE constituent le noyau instrumental de l’ensemble. Selon les circonstances il peut s’adjoindre différents musiciens et chanteurs. L’ensemble s’est fait apprécier à de nombreuses reprises en Alsace, Lorraine, Bretagne, Suisse et Allemagne. Ses CD de musiques baroques italienne et française sont appréciés des connaisseurs.

Jean-François ALIZON, flûte traversière baroque

Après des études de piano et d’écriture musicale, à Strasbourg, il entre à la Schola Cantorum  de Bâle, où il travaille la flûte à bec et la flûte traversière baroque avec  Hans-Martin LINDE. Il a été de 1975 à 2007 professeur au Conservatoire de Strasbourg, où il a enseigné la flûte à bec et la flûte traversière baroque. Son action a permis la création d’un département de musique ancienne au sein de ce conservatoire. Il donne depuis 1972 de nombreux concerts en France et à l’étranger avec la Messinoise et d’autres groupes de musique ancienne. Son livre  Aborder le répertoire baroque sur la flûte est très apprécié des flûtistes.

Chantal BAEUMLER, Viole de gambe

Après un premier prix de  flûte à bec au Conservatoire de Strasbourg, elle entre dans la classe de viole de gambe de Michel Holveck et y obtient son prix de viole de gambe et de musique de chambre. Elle a fait partie de nombreux ensembles comme le Tourdion, La Traditora, le  Décapole Consort, la Maîtrise de Colmar. Elle se consacre désormais à  la Messinoise, depuis sa  participation  à l’enregistrement du CD Hotteterre de cet ensemble.  Titulaire du  Diplôme d’état, elle enseigne la viole de gambe aux Conservatoires de Belfort et de Montbéliard. Elle a fondé le consort de violes Grünewald, qui connait une belle carrière.

Bruno SOUCAILLE, Clavecin et orgue

Originaire de Belfort, Bruno Soucaille a effectué ses études en musicologie à l’université de Strasbourg, puis étudie l’orgue et le clavecin au CNR de cette même ville. Il est formateur d’organistes d’église dans le cadre de l’école diocésaine d’orgue. Claveciniste de l’ensemble instrumental « La Follia » et de l’ensemble de musique baroque  » La Messinoise », il donne régulièrement des concerts comme soliste et accompagnateur. Il est actuellement directeur de l’école de musique de Sélestat, de l’orchestre de chambre de Sélestat et de l’Harmonie 1990. Il est cotitulaire de l’orgue d’Ebersmunster, et de celui de la collégiale St Martin de Colmar.